Qu’est ce que la motricité libre?
La motricité libre, consiste à laisser votre enfant libre de bouger comme il le souhaite, sans être gêné dans ses mouvements, par des oreillers, transat, youpala… De cette façon l’enfant peut explorer son environnement, son corps. Il acquiert ses « compétences » seul, sans aide. Cela lui permettra de développer sa confiance en lui, sa mobilité…
D’où vient ce concept?
Ce concept a été mis en place dans les années 60, par le docteur Emmi Pikler. Une pédiatre et psychopédagogue hongroise. Elle décide de s’intéresser au développement psychomoteur des enfants. Après plusieurs années d’observation, elle affirme que l’enfant est capable de se développer seul, sans intervention de l’adulte. C’est ainsi que nait le concept de motricité libre. Pour elle dés la naissance le bébé est capable de prendre une part active à son propre développement à partir du moment ou il est entouré d’amour et d’attention. Elle accordait beaucoup de temps à l’observation des mouvements naturels que faisait le nourrisson puis l’enfant, elle a pris le temps de décrire chaque phase qui permettra plus tard à l’enfant de passer de la station sur le dos à celle debout, ainsi que les phases de préhension qui permettront au bébé d’apprendre à attraper seul, de se servir, de manger seul…
Pour Emmi Pikler, la clé est de permettre à l’enfant de jouer, d’explorer en toute liberté, à son rythme et sans intervention de l’adulte. L’intérêt de l’enfant est plus important que son âge de réussite.
Quelques exemples de points abordés dans la pédagogie pliklérienne:
- -Les mobiles et portiques, sont à supprimer
- -Les balles ne sont pas utiles tant que l’enfant ne sait pas ramper
- -Les miroirs sont à éviter avant 15 mois (l’enfant ne comprenant pas encore que le reflet est lui même et non une autre personne)
- -Les espaces pour grimper, sont indispensables et surtout à laisser en permanence
- -Favoriser les jeux qui ont un rapport de cause à effet visible
- -Le tout-petit à une concentration plus longue, quand de bonne condition sont réunies et qu’il est absorbé
L’importance de la motricité libre
Les premiers mois de sa vie, le nourrisson à un besoin de sécurité affective forte, qui lui permettra une fois acquise, d’avoir la capacité et l’envie d’explorer le monde qui l’entoure. Il est donc important, quand l’enfant en a la capacité de le laisser explorer librement, de le laisser libre de ses mouvements et donc d’enlever tout ce qui pourra entraver ceux ci.
« Grâce à l’activité spontanée, l’enfant devient acteur de son développement, souligne Monique Busquet psychomotricienne, formatrice au Conseil départemental de Seine Saint-Denis. Il peut tester les limites de son corps et expérimenter de nouvelles positions librement. »
Le fait de le laisser répéter ces exercices lui permettra d’acquérir de nouvelles postures. Comme passer du dos, au ventre, puis de la position ventre à assis… Aucun enfant n’est en retard ou en avance sur les autres, ils ont tous un rythme qui leur est propre. Il est donc très important de ne pas forcer une position, afin de le faire rentrer dans les clous et de répondre à la norme sociale, qui veut que bébé sache s’assoir à tel ou tel âge. Le but de la motricité libre est de leur permettre non seulement de faire seul mais aussi de développer leur confiance en eux et leur estime de soi, parce que même si ils sont petits, ils sont aptes à acquérir ces compétences.
« Pour pouvoir s’asseoir, un bébé doit passer par plusieurs étapes de développement moteur, parvenir à contrôler sa posture et maitriser son équilibre, chaque étape annonçant une maturité accrue du système nerveux central. Si un adulte place le bébé en position assise, cet enfant n’apprend pas à passer par ces étapes spontanément et peut développer une peur de tomber car il ne sait pas retrouver son équilibre par lui-même. » Sally Goddard Blythe (Le grand livre des réflexes)
« Outre l’amour et la discipline, la liberté de mouvement et la liberté de jouer sont deux des cadeaux les plus importants que les parents peuvent offrir à leur enfant. » Sally Goddard Blythe (Le grand livre des réflexes)
La psychanalyste Catherine Bergeret-Amselek (*Auteure de « Le mystère des mères » Desclée de Brouwer 1996, livre culte pour les futurs et jeunes parents ainsi que « Naitre et grandir autrement » chez le même éditeur réédité récemment.) mesure au quotidien combien le développement moteur des premières années est fondamental pour le reste de la vie. « Le bébé qui est libre de ses mouvements va construire sa capacité à être bien dans son corps et à se relier aux autres à l’âge adulte, explique-t-elle. Il pourra plus facilement se séparer de ses parents et prendre son élan autonome. Le laisser explorer, toucher, sentir, mettre à la bouche en présence de l’adulte qui sait mettre des limites en douceur en prévenant des dangers, c’est lui permettre de mettre en œuvre toute sa sensorialité et l’érogénéité de son corps tout entier, c’est ce qui fera de lui une personne confiante en la vie » Elle retrouve également chez ses patients des traces de blessures et des failles qui ont lieu dans leur environnement quand il étaient petits. « Ce sont des personnes qui ont des blocages corporels, relationnels et qui ont des difficultés à s’impliquer dans une vie sociale. Tout peut remonter à la surface aux détours d’événements de la vie ou bien lors de crises existentielles, notamment au moment de devenir parents, poursuit-elle. Ces premières années sont extrêmement importantes pour la suite même si, bien évidemment, rien n’est déterminé. »
Il est donc primordial pour le bon développement moteur, mais aussi psychique de votre enfant, ainsi que sa vie future, de laisser votre petit bout explorer le monde qui l’entoure seul, sous surveillance bien sur, mais sans entraver ses mouvements .
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